Source: Libération
Date: 03/12/2002
Source: Libération
Date: 03/12/2002
Peut-on plaire au grand public et aux intellectuels à la fois ? Une fois encore, depuis sa récente renaissance, le musée du Luxembourg attire les foules, cette fois pour une exposition consacrée à Modigliani (1884-1920). Préparant cette manifestation, Marc Restellini avait à l’esprit qu’il risquait de s’attirer le mépris «des milieux universitaires et scientifiques» qui considèrent ce peintre «avec une certaine condescendance». Amedeo Modigliani est porteur au plus haut point de ce paradoxe : sa cote, aussi bien sentimentale que marchande, est au firmament, mais le jugement porté sur son oeuvre dans l’histoire de l’art est très mitigé. «Séduisant, comme il l’était lui-même, son art est fait d’émotion directe et d’un gaspillage d’expressions sensibles, dûs à une paresse trop charmante pour qu’on puisse la juger sévèrement», tranchait Maurice Raynal, dès 1927, dans son Anthologie de la peinture française. Jugement qui est resté définitif.
Kyrielle de faux. Les innombrables portraits de Modigliani sont disséminés dans des collections privées, plutôt que dans des musées, ce qui explique que cette exposition d’une centaine d’oeuvres soit la plus ambitieuse qui lui ait jamais été consacrée. Marc Restellini, dont c’est l’artiste de prédilection, a produit un volumineux catalogue.